En théorie, oui ! Comme n’importe qu’elle entreprise.

En pratique, c’est plus compliqué.

D’une part, le marché de la distribution de l’imprimé publicitaire est principalement détenu par deux sociétés, Adrexo et Madiapost.

Laisser cette activité devenir le monopole d’une seule entreprise, laisserait l’opérateur restant en situation délicate, vis à vis du respect des règles liées à la concurrence et l’abus d’une éventuelle position dominante.

De plus, la nature ayant horreur du vide, il est probable que la société manquante soit rapidement remplacée.

D’autre part, une entreprise qui emploie plus de 18 000 personnes a une responsabilité sociétale qui n’échappe pas à la sphère politique, qui se préoccupe évidemment du sort des salariés qui viendraient éventuellement grossir les rangs des demandeurs d’emplois.

Cette position a un intérêt pour l’entreprise, qui peut faire valoir quelques exigences en échange du maintien des emplois. Mais aussi un inconvénient, puisqu’il pourrait lui être demandée d’être plus attentive à ses salariés et de faire des choix allant dans ce sens, pour protéger l’emploi.

Une entreprise importante, à un moment ou à un autre, est souvent amenée à solliciter tel ou tel avantage de l’état pour se maintenir ou être aidée. C’est à ce moment que le deal se fait.

Précédemment, alors que l’entreprise voulait se vendre et obtenir au passage quelques ristournes fiscales et sociales… L’état avait exigé, en contrepartie, qu’une mesure du temps de distribution vienne remplacer le système de pré-quantification et ainsi mettre en conformité la rémunération des distributeurs par rapport au code du travail…

C’est l’origine de l’accord signé pour la mise en place des badgeuses.

Et demain ?

Il est désormais connu de tous que le groupe est en difficulté.

Ces difficultés ont été surmontées par, ce que les actionnaires ont appelé pudiquement, une « levée de fonds », mais qui n’est en réalité qu’une série emprunts.

Les actionnaires ont annoncé qu’un apport d’un montant quasi-équivalent était nécessaire pour poursuivre l’activité. Cette manne providentielle serait en cours de négociation, pour se réaliser en fin d’année.

Il faudra donc que ce financement arrive pour poursuivre l’activité ou plutôt les activités.

Car, aujourd’hui, Colis Privé a augmenté sa couverture nationale, grâce au réseau d’Adrexo et les deux entreprises sont liées.

A date, la situation profite clairement à Colis privé, tant au niveau capacité de distribution que du point de vue financier.

A la fois Colis Privé peut facturer davantage avec un réseau plus puissant et, à la fois, la prestation d’Adrexo lui est rendue à des conditions préférentielles.

Mécaniquement, l’opération augmente le chiffre d’affaire et la rentabilité de Colis Privé mais n’apporte que peu de marge profitable à Adrexo.

Toutefois, cette synergie permet à Adrexo de faire absorber une partie de ses coûts en les mutualisant. L’esprit, qui commande dans la gestion d’un groupe, n’est pas forcément d’enrichir toutes les filiales mais plutôt d’obtenir un équilibre global.

Et le courrier ?

Adrexo possède un réseau, des moyens, y compris humains, qui font de l’entreprise un acteur majeur pour la conquête d’une partie de ce marché.

Malheureusement, les moyens n’ont pas suivi et l’activité végète. Engluée dans des problèmes de logistique qui ne permettent pas de présenter un exemple de process industriel digne de ce nom.

A contrario, la qualité de distribution sur le terrain n’a jamais été aussi bonne et le mérite de cette performance revient, uniquement, aux équipes de terrain, managers et distributeurs.

Le vrai risque, c’est qu’à défaut de progresser rapidement, la seule activité réélement intéressante pour Adrexo reste la synergie Colis puisque le courrier ne décolle pas.

On sait par ailleurs que l’activité de distribution d’imprimés publicitaires ne peut être rentable à elle seule.

Dans ces conditions, on voit mal pourquoi il faudrait garder 17 000 distributeurs qui travaillent sur une activité chroniquement déficitaire. Un potentiel de profit existe avec quelques centaines de chauffeurs livreurs, qui pourraient, alors, occuper les bases adrexo, vidée de l’activité de distribution de publicités.

A l’évidence, ce risque existe. Il ne faut pas se le cacher.

Pour autant, ce risque aurait des impacts sur l’emploi mais aussi sur la stratégie annoncée par les dirigeants lors de la reprise d’Adrexo.

Car c’est bien grâce à l’argent perçu lors de la reprise de l’entreprise Adrexo au groupe SPIR, précédent propriétaire, que Colis Privé a pu se maintenir et aujourd’hui progresser.

Il serait alors assez singulier de voir l’entreprise bienfaitrice, vidée de sa trésorerie et exploitée quelques années à bas prix, disparaître pour ensuite laisser place à un réseau colis prêt à faire feu. Il ne restera plus qu’à adresser, au passage, 17 000 individus, en poste restante, aux services de pôle emploi.

A l’évidence, jamais personne ne tolérerait cette solution.

Alors quoi faire ?

A notre avis, et après avoir pris le temps de rencontrer des spécialistes de la question, le seul moyen de maintenir notre entreprise est l’activité courrier mutualisée avec l’imprimé publicitaire.

Cela passe par une prise de conscience des besoins en matière de traitement des flux à l’arrivée du Hub et par la sécurisation des process.

A vouloir tout faire, tout accepter, le client déconsidère l’entreprise. A imposer des procédures et des délais, il reconnaîtra la volonté d’un industriel de respecter sa production et ses clients.

Il faut sortir de l’éternelle logique actuelle de l’épicier.

Arrêter de voir petit pour se projeter vers l’avenir. Arrêter de gérer en amateur ce qui doit être fait de façon professionnelle.

Le réseau souffre de ces problèmes de logistiques en amont. Les distributeurs voient sur leurs feuilles de route des incohérences et supportent, eux aussi, des délais de mise à disposition inacceptables.

Le réseau, toujours lui, prouve sa capacité à distribuer qualitativement ce qui arrive à lui. C’était sans doute la partie la plus compliquée à obtenir et à maintenir. Une autre synergie, avec Colis Privé, permet l’acheminement depuis les Hub vers les agences et a également prouvé son efficacité. C’est dans la réception principale et le dispatch que la situation est calamiteuse.

Le résultat engendré par les équipes, y compris les distributeurs, est remarquable. Les équipes techniques n’attendent que des volumes conséquents, pour démontrer qu’elles savent faire. Toutefois, elles craignent l’explosion du système de traitement des flux à l’arrivée et du dispatch vers les agences.

Alors, Messieurs, les dirigeants, au lieu d’inventer et de maintenir des aberrations comme le temps Max, n’y a t il pas des priorités de développement, qui rendraient l’entreprise profitable ?

Plutôt que de gérer, en « épiciers », les salaires avec autant d’énergie, ne faudrait il pas préférer utiliser cette énergie au développement de l’activité ?


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