Que peut faire un syndicat ?

Le syndicat représente les salariés et revendique des droits nouveaux, mais encore ?

Nous entendons parfois des remarques qui disent “mais comment les syndicats ont pu accepter ça ?”.

Ce qu’il faut savoir, c’est que les syndicats ne gèrent pas les entreprises, les dirigeants ont la liberté de prendre des décisions, des orientations et doivent parfois informer ou consulter les instances représentatives mais sans obligation de suivre un avis contraire.

En France, le C.S.E. (ex C.E.) est informé et parfois consulté sur des sujets importants visant par exemple aux orientations stratégiques de l’entreprise ou à l’organisation du travail.

Les élus du C.S.E., qui sont des salariés syndiqués et souvent élus sur une liste syndicale, rendent un avis, au besoin avec l’aide d’un expert, et cet avis est consigné sur les procès-verbaux du C.S.E.

Pour autant, l’entrepreneur fait ensuite ce qu’il veut et peut passer outre l’avis du C.S.E. Il peut aussi en tenir compte et pourquoi pas, changer sa décision.

En fait, en matière de syndicalisme, tout est question de rapport de force.

Si les élus du C.S.E. sont majoritairement contre une proposition, ils peuvent aussi actionner des moyens via le syndicat qui peut exercer des pressions pour obtenir un changement de décision.

Ce peut être par la négociation ou par des actions spécifiques comme la grève ou le recours à la justice quand la décision pose un problème juridique.

Initialement, le syndicat est là pour revendiquer des droits nouveaux, par la négociation, et défendre les droits acquis.

Le rapport de force s’exerce soit grâce à la force des membres du syndicat, soit par l’union des forces de plusieurs syndicats.

Pour autant, tout ne peut pas être imposé et nous l’avons récemment vu avec la réforme contestée des retraites ou tous les syndicats étaient unis et où la réforme a quand même été déployée.

Cette force est directement liée à l’action des syndicalistes mais aussi et surtout au nombre de salariés qui soutiennent le ou les syndicats.

L’orientation des syndicats est aussi différente selon sa manière d’envisager son action, il existe des syndicats avec une attitude soit plutôt réformiste, soit d’avantage révolutionnaire, ce qui se traduit par des actions plus basées sur l’accompagnement de l’entreprise que sur le changement du fonctionnement de celle-ci.

Aujourd’hui, la plupart des syndicats s’estiment d’avantage réformistes et œuvre à faire évoluer l’existant plutôt que de le supprimer entièrement au profit d’autre chose, tout cela étant largement conditionné par les possibilités offertes par la législation du pays.

Le syndicat est aussi différent selon l’entreprise dans laquelle il intervient et principalement en réponse à l’attitude de la direction.

C’est ainsi que des syndicats dit “autonomes” notamment peuvent ajuster leurs comportements à l’entreprise sans avoir à rendre de comptes à une fédération ou une confédération qui encadre plus ou moins l’action syndicale par des consignes nationales.

Enfin, il peut exister des élus “sans étiquette” ou des syndicats “isolés” qui n’existent que dans une entreprise. La plupart du temps, les élus sans étiquettes ne le sont pas vraiment et sont rattachés plus ou moins officiellement à une tendance syndicale alors que des syndicats isolés peuvent être le fruit d’un groupement de salariés indépendants ou d’une manœuvre de la direction pour occuper une place et réduire l’audience des autres syndicats traditionnels.

Dans ce dernier cas, ce n’est pas un très bon indicateur de la qualité du dialogue social dans l’entreprise.

Pour Adrexo, ces derniers ont toutefois toujours existé et le dialogue social a toujours été difficile. Les anciens se souviennent de son fonctionnement et pourraient en faire un livre et c’est encore le cas aujourd’hui avec un fonctionnement assez comparable à ce qui peut se passer dans une petite entreprise mais à l’échelle d’une entreprise qui occupe encore aujourd’hui près de 9 000 personnes. C’est une véritable anomalie que ce décalage mais il est volontairement entretenu pour brouiller l’action syndicale.

Concrètement, le syndicat ne peut rien sans syndiqués et sympathisants qui s’impliquent pour se faire respecter.

Les syndicats peuvent porter des revendications individuelles ou collectives mais doivent s’appuyer sur les salariés qui sont victimes de pratiques contestables et pour répondre à la question de savoir “mais comment les syndicats ont pu accepter ça ?”, il ne s’agit pas d’accepter ou de refuser mais de revendiquer et de réagir à des décisions avec des méthodes et des moyens adaptés.

Dans notre entreprise, il y a peu de place pour la négociation et la direction exerce des pressions diverses sur ses “partenaires sociaux” pour obtenir des accords et c’est la que les syndicats peuvent disposer d’une véritable force de proposition en négociant des avancées qui seront formalisées dans un accord d’entreprise et auront force de loi dans celle-ci.

Là encore, plus les syndicats sont unis, plus ils pourront faire avancer les sujets. Ils peuvent refuser de signer un accord, et bloquer ou ralentir sa mise en œuvre. Encore faut-il qu’ils adoptent une posture responsable pour s’opposer et qu’ils résistent à toutes les pressions.

Les syndicats disposant d’une structure confédérale qui rassemble tous les syndicats d’entreprises, comme la C.A.T. mais aussi tous les grands syndicats nationaux, peuvent d’avantage résister tant en apportant des réponses structurées avec l’aide de la structure nationale, qu’en menant des actions juridiques qui coutent chère et qui peuvent nécessiter un soutien financier.

En résumé, dans une entreprise comme la nôtre, être syndiqué est essentiel pour être protégé et conseillé.

Peu importe le syndicat, si il est libre et indépendant de la direction, il vous permettra d’avancer.

Les syndicats se nourrissent aussi de vos informations car ils ne disposent que de 26 délégués syndicaux pour toute la France et de quelques élus au C.S.E.

Avec la suppression des délégués du personnel, les syndicats ont perdus de nombreux relais locaux, ce qui complique énormément (mais c’était le but) les rencontres avec les salariés dans les établissements lorsqu’ils sont nombreux.

En conclusion : n’attendez pas des syndicats qu’ils soient magiciens, nous faisons tout ce qui en notre pouvoir mais ne pensez pas que nous soyons en capacité de tout imposer, surtout si l’implication des salariés est insuffisante. C’est ensemble que nous pouvons faire avancer les choses.

Parfois, lentement, car les procédures sont longues, parfois discrètement, parce que des actions nécessitent d’être menées confidentiellement, mais sachez que vous pouvez toujours compter sur nous !


Histoire : Syndicats réformistes ou révolutionnaires ?

Les syndicats dit réformistes se donnent comme but d’aménager et d’améliorer les structures existantes par des réformes, c’est à dire d’apporter des modifications progressives par des moyens légaux. Ce qui caractérise le réformisme en tant que doctrine c’est qu’à cela s’ajoute le refus de la révolution comme moyen de changer la société. Le syndicalisme révolutionnaire propose une stratégie révolutionnaire, avec une confrontation contre le capitalisme par l’auto-organisation des travailleurs et l’autonomie ouvrière, couplée à l’action directe et à la grève générale expropriatrice.

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8 Commentaires

  1. BONJOUR , NE PAS CAINDRE DE DIRE AU prochain CSE a nos idiots de dirigeants que ce sont eux qui menent MILEE dans le mur ; fiasco campagne electoral , entree en bourse raté COLIS PRIVé , fiasco annoncé le 150e ,mepris des salariés …. LEURS faire remarquer qu il existe des ecoles de commerce et de management qu ils auraient bien fait de frequenter avant de vouloir s en mettre plein les poches….. BONNE journée JEAN BELLAMY

  2. Bonjour , hors sujet , nous allons recevoir les nouvelles badgeuses , nous sommes obligé d’obtimiser les secteurs merci

    • Bonjour,
      Les nouvelles badgeuses fonctionnent exactement comme les anciennes, l’application prévue pour optimiser les parcours n’est pas activée.

  3. Bonjour
    Ma question hors sujet
    En sous traitance pour la poste .on ne doit pas venir travailler la semaine prochaine pas de travail …à vous nous un recours svp

    • Bonjour,
      C’est toujours la même chose, que ce soit pour cette activité ou une autre, vous avez un contrat de travail qui prévoit des heures à payer et si elles ne sont pas travailler, elles seront payées tout de même soit sous forme d’une garantie à 75% du contrat sur le mois soit à la date anniversaire de votre contrat à l’année.

  4. Merci à vous pour votre implication à expliquer les bases.
    Notamment la première à retenir.. pour beaucoup ! : je cite

    ” Ce qu’il faut savoir, c’est que les syndicats ne gèrent pas les entreprises, les dirigeants ont la liberté de prendre des décisions, des orientations et doivent parfois informer ou consulter les instances représentatives mais sans obligation de suivre un avis contraire. ”

    Vous avez tout dit !
    Rien ne changera ce rapport de force !
    Je reste, à mon niveau, comme vous, Autonome Libre et Indépendant.
    Bonne soirée

    • Bonjour,

      L’équilibre est trouvé grâce au rapport de force qui peut être constitué par le nombre de personnes qui s’impliquent, et par différentes actions. Rien de facile.

Les commentaires sont fermés.