Même si nous savions que Milee n’avait plus un sous, l’annonce de l’organisation d’une audience au Tribunal de Commerce de Marseille à la demande de l’administrateur judiciaire en vue de la conversion du redressement en liquidation judiciaire entraîne une nouvelle période d’angoisse pour nous, salariés, surtout lorsqu’on est en attente de son salaire d’août que Milee ne peut pas payer.

Liquidation or not liquidation ? Il semble que la question ne soit plus celle-ci mais plutot liquidation immédiate ou liquidation avec poursuite d’activité.

À cette heure, rien n’est décidé, mais dans le week-end, nous avons, pour certains, reçu des invitations à rester à la maison aujourd’hui, et même pour d’autres à rapporter le matériel de travail à l’agence.

Manifestement, alors que des directeurs régionaux comprenaient qu’il fallait tout arrêter, d’autres attendaient d’éventuelles instructions qui sont finalement tombées en fin de dimanche.

Un de ceux qui naguère indiquait qu' »il est dans l’A.D.N. d’Adrexo de faire de la merde » suggère aujourd’hui aux distributeurs – qu’il a si bien considéré jusque-là – de ne surtout pas arrêter de travailler :

« Je vous demande de faire en sorte que la journée de lundi soit la plus normale possible et ce jusqu’à ce que la décision du Tribunal soit connue.

Il est je pense dans notre intéret qu’une liquidation avec continuité d’exploitation ne soit pas remise en cause par des mouvements sociaux ou un arrêt de l’activité dès demain matin.

S’il y a une petite chance que ce dossier de reprise soit acceptée, il ne faut pas la gâcher.

Je sais pouvoir compter sur vous et je sais l’inquiétude qui est la vôtre, la nôtre. »

En clair, ça veut dire, traduit en synthèse : « pensez à mon job, envoyez vos gars sur le terrain, j’ai besoin de vous pour montrer que je suis un vrai chef et je travaille le dimanche. »

L’origine de l’expression « je sais pouvoir compter sur vous » sort directement des formations managériales des années 2000 et permet d’interpeller l’interlocuteur en le plaçant en situation de questionnement sur sa capacité à ce que l’on puisse « compter sur lui » en général, sous-entendu, si tu ne le fais pas, c’est que l’on ne peut pas compter sur toi.

Cette expression s’est renforcée dans le langage managérial après son utilisation fréquente dans le milieu politique ces dernières années et particulièrement la lettre d’Emmanuel MACRON aux armées, « Je sais pouvoir compter sur vous » et régulièrement dans des discours adressés aux subordonnés de l’état. On a les modèles qu’on peut.

Pour nous, pauvres salariés mal payés (et d’ailleurs pas payés du tout en ce moment), « nous savions aussi pouvoir compter » sur notre employeur pour rémunérer notre travail d’autant qu’il a été produit à crédit entre le 8 juillet et le 11 août pour les distributeurs et depuis le 1er août pour les autres.

Nos banquiers, eux, « savaient pouvoir compter sur nous » pour alimenter le compte bancaire et nos enfants avaient l’indulgence de croire qu’ils « savaient aussi pouvoir compter sur nous » pour nourrir la famille.

Les salariés de Milee (distributeurs mais aussi managers opérationnels) ont souvent sauvé l’entreprise de situations difficiles en s’adaptant et ils savent aujourd’hui ce qu’ils ont à faire et nous nous garderons bien de les encourager à prolonger ou pas le crédit gratuit imposé. Ils feront ce qu’ils voudront (ou parfois pourront) car ce sont des grands garçons (et filles).

Les nouvelles du côté des salaires :

Pas un mot de la direction, la dessus, c’est vrai qu’elle a toujours été toujours soucieuse de diminuer les rémunérations et que le versement n’est pas dans ses préoccupations.

Comme vous le savez déjà, l’A.G.S. prend en charge les congés payés, les indemnités de licenciement et le préavis, il n’y a pas de changement à ce sujet.

Les salariés déjà licenciés seront traités sans changement également et les prochains licenciés pourront bénéficier des mêmes indemnités à l’avenir.

C’est ainsi que ceux qui ont été en congé pendant la période de paye rémunérée début septembre (activité entre le 8 juillet et le 11 août) devraient percevoir le paiement de ces congés payés dans quelques jours.

Pour la part du salaire due par Milee (l’activité pendant cette période donc), nous ne savons pas encore comment elle sera traitée, mais l’entreprise ne pouvant pas la payer, c’est l’A.G.S. qui devra la prendre en charge avec un délai de traitement que nous ne connaissons pas. Dès le début du redressement judiciaire, l’A.G.S. et le mandataire judiciaire ont pu démontrer leurs capacités à réagir rapidement, mais le volume des salariés concernés génère forcément des délais d’analyse.

Sur la prise en charge par l’ A.G.S. :

L’A.G.S. offre une garantie de salaire sur 45 jours en cas de liquidation judiciaire.

Dans le cadre d’un redressement judiciaire suivi d’une liquidation, l’A.G.S. garantira en plus les créances salariales dues au cours de la période d’observation dans la limite de 45 jours de salaire en montant et en durée.

Jusqu’à présent, l’A.G.S. ne garantit pas les rémunérations pendant la période d’observation (ce qui explique les 2 virements distincts pour la rémunération et pour les congés par exemple).

En cas de conversion en liquidation, elle va toutefois les garantir dans les limites indiquées ci-dessus.

Depuis le 8 juillet à ce jour, il s’est écoulé plus de 45 jours, nous ne savons pas comment l’A.G.S. interprétera ces dispositions pour les distributeurs. Il a déjà été indiqué par la direction que l’administrateur judiciaire avait adressé la demande de conversion en liquidation au motif de la préservation des intérêts des salariés aux regards des rémunérations.

Nous avons sollicité hier des précisions à ce sujet.

En cas d’impossibilité de travailler en l’absence de rémunération :

Il faut rappeler ce qui a été écrit par la direction :

« Par ailleurs, en raison du retard de versement des salaires d’août, les salariés distributeurs ne pouvant plus assurer les frais de carburant seront en dispense d’activité jusqu’au lendemain de la date de versements des salaires. »

Bien entendu, nous vous tiendrons informés de la décision à venir dès qu’elle sera connue sachant qu’il n’est pas sûr que le Tribunal rende une décision dès aujourd’hui.


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